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un décryptage en 3 actes

Le 30 octobre, l’Assemblée Générale de notre Fédération a réuni délégués des Ligues et des Comités et l’équipe fédérale au CNOSF.

De nombreux sujets ont été abordés dont certains impacteront durablement l’avenir de notre Fédération…

LES AXES DU PROJET FÉDÉRAL

Lors de ses interventions, le président Erb a entrepris de décrire les cinq grands axes de son projet fédéral : la Haute Performance, le développement, le renforcement de la cohésion entre les acteurs, la modernisation et la valorisation de l’image de la Fédération tout en détaillant les actions menées et celles qui seront engagées. En voici quelques exemples :

  • Diversification de l’offre de pratique et plus particulièrement celle en extérieur
  • Mise en place du programme 1 école = 1 table
  • Organisation de la cellule 2024 et la Haute Performance
  • Évolution de la structure pyramidale des championnats nationaux par équipes
  • Signature de conventions territoriales
  • Création d’un Haut Conseil
  • Féminisation de notre pratique et de nos gouvernances
« Un projet de développement ambitieux dans le but de fidéliser nos licenciés et aussi d’attirer de nouveaux pratiquants »

Par ailleurs, dans sa présentation, le président Erb s’est engagé à déployer « un projet de développement ambitieux dans le but de fidéliser nos licenciés et aussi d’attirer de nouveaux pratiquants » afin de répondre aux objectifs des JO de Paris 2024.

Afin de mettre en œuvre la politique de l’équipe fédérale, et succédant au président, le trésorier a présenté le budget prévisionnel. Celui-ci a été réalisé en adéquation avec le programme électoral y compris la mise à disposition du président auprès de la Fédération.

Le gel des tarifs et un budget à l’équilibre à la fin de l’exercice 2022 sont annoncés.

Un budget à 6 364 000 € : 400 000 € supplémentaires, d’où provient l’argent ?

Au-delà de la démonstration faite par le trésorier, les informations transmises manquent hélas cruellement de détails.

L’équipe Fédérale pas avare pour un sou (sauf lorsqu’il s’agit d’aider les licenciés) n’a pas tenu à faire un état provisoire de son bilan financier près d’un an après son élection.

Mais comment les finances fédérales sont-elles donc suivies ?

Pour autant, notre collectif salue un budget résolument ambitieux. Mais notre expérience, nous oblige à alerter l’équipe fédérale sur certaines de ses hypothèses. En effet, de multiples incohérences mettent en lumière et démontrent les risques pris par l’équipe fédérale.

Le trésorier annonce un budget 2022 supérieur de 400 000€ par rapport à l’année précédente. Cette augmentation s’expliquerait par les hypothèses de recouvrement des licences, nous faisant revenir en 2022/2023 au même nombre de licenciés qu’en 2019/2020 avec cependant une augmentation significative des licences traditionnelles.

que veulent-ils dire par « augmentation des licences » ?

Nous aimerions partager son optimisme quant au nombre total de licenciés espéré. Néanmoins en matière budgétaire, ce n’est pas seulement le nombre, mais surtout le type de licences qui importe… Chacun sait que les licences dites traditionnelles rapportent davantage aux instances que les licences promotionnelles.

ET POURTANT…

Nos interrogations ?
Capture acte 1 AG

Comment retrouver nos licenciés traditionnels en phase 2 et en 2022-2023 ?

Capture acte 1 AG 1

Le budget est-il réaliste ?

Capture acte 1 AG 2

Qui remboursera les emprunts ?

Alors qu’il reste encore un peu plus d’un semestre, la FFTT parviendra-t-elle à atteindre ses objectifs ?

En nous basant sur les statistiques des dernières années, on observe aisément que le nombre de nouvelles licences traditionnelles validées après le 17 novembre est dérisoire. Ce constat compromet fortement les ambitions fédérales.

Nos élus fédéraux ont-ils prévu un plan pour faire déjouer les statistiques ou comptent-ils, comme le président semble le penser, sur le seul sentiment d’appartenance de nos licenciés ?

Par ailleurs, la projection du nombre de licences traditionnelles pour la saison 2022-2023 semble très optimiste. Nos hypothèses font état d’un écart moyen de -250 000 € avec celle du trésorier.

La dernière fois où la Fédération a dénombré au moins 115 834 licenciés traditionnels, c’était lors de la saison 2013-2014.

Evolution de la licenciation: promotionnelles et traditionnelles

Moins d’un an après son élection, la nouvelle équipe fédérale sollicite DéJA deux nouveaux emprunts pour 650 000 euros ! Pour quelles raisons ?

Nous tenons à souligner que lors du précédent mandat, les anciens trésoriers ont agit pour faire passer la Fédération de quasi-cessation de paiement au printemps 2017 à une situation totalement assainie fin 2020. L’héritage financier des mondiaux 2013 et une gestion hasardeuse à l’époque ont été particulièrement longues et fastidieuses à relever.

Évolution de la trésorerie (en euros) lors du dernier mandat

À titre indicatif au 31/12/2020, la trésorerie dépassait les 2 millions d’euros. Nous nous interrogeons donc sur la sollicitation, par le trésorier, de ces deux nouveaux emprunts :

Un budget en Équilibre... sur un seul pied

Le trésorier, Adrien Dodu, expose que si les budgets prévisionnels sont tenus, la Fédération pourra aisément assumer ses nouveaux emprunts.

Étrange alors de s’appuyer sur une hypothèse de résultat équilibré alors qu’il précise lui-même un instant plus tard avoir estimé le résultat prévisionnel de l’exercice 2021 à -365 000 euros.

Lire la vidéo

Toujours selon Adrien Dodu, l’expert-comptable de la FFTT (KPMG) et le Commissaire aux Comptes (ORCOM) affirment qu’avec un taux d’endettement de 37%, la Fédération est « dans la moyenne haute, mais il n’y a aucune inquiétude particulière ».

Comment peut-on accepter un taux d’endettement aussi   important ?

Pour terminer de nous rassurer, le commissaire aux comptes, présent lors de l’Assemblée Générale n’a pas hésité à se substituer à l’État en surenchérissant : « s’il y avait une crise, je ne doute pas que l’État accompagnerait également les structures ».

Comment peut-il s’engager au nom de l’État ? Sort-il de son rôle ?

…Alors que chacun sait que l’État préconise depuis de nombreuses années une certaine autonomie financière des Fédérations… Il suffit de consulter les Projets de Loi de Finances de la dernière décennie !

À qui vont profiter les fonds fédéraux du "PACTE"

Le président et son équipe ont entamé un tour de France des territoires pour attribuer « les bons points ». Des bons points susceptibles d’être transformables en euros via le « PACTE ».

A la lecture du budget 2022, c’est plus de 400 000 € qui seront attribués aux conventions avec les territoires… dont aucun détail sur les modalités de distribution n’a encore filtré. Faudra-t-il renoncer à tout esprit critique pour « pactiser » avec la Fédération… ?

« La culpabilité entraîne la soumission et la culpabilisation est un moyen de domination. Quand on est honteux du choix qu’on a dû faire, empêtré dans sa mauvaise conscience, tourné tout entier vers soi-même, on se sent responsable, on ne bouge plus, on ne réagit plus. C’est un facteur d’inhibition, le sujet n’est plus apte à faire partie d’un groupe, à défendre des valeurs collectives. Nous devenons des soumis, des individus fragmentés, éclatés qui marchent au pas. Un tel système promeut l’hyperindividualisme, cela empêche de faire société et de se révolter ».

En finir avec la culpabilisation sociale, d’Elsa Godart, Éditions Albin Michel, 2021, 272 pages

Que penser des propos publics d’un élu fédéral appelant sans réserves à sanctionner financièrement des territoires, car ils avaient eu l’outrecuidance de ne pas avoir voté pour la rémunération du président Erb !

Avez-vous dit clientélisme ?

Aucune réaction de la part du président pour recadrer son élu ! Est-ce à dire que ne pas voter dans le sens de l’équipe fédérale en place limiterait de facto le soutien financier aux territoires ? Étonnante politique de soutien !

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Catégories : Vie Fédérale